Quartiers Est

Orcheron et Owan arpentèrent longuement les rue du Quartier Est de Midgard avant de déboucher sur l'impasse recherchée par le Maître de la Complainte. Là, derrière un tas de détritut, un porte dérobée menait vers une pièce humide et sombre. Pas de porte, pas de fenêtre. Juste deux objet au centre de la pièce. L'un d'eux était un cube de 70 centimètre d'arrête, à la surface nue, sans aucun ornement ni ouverture. L'autre était une arche métallique fine.
Orcheron s'approcha de l'arche et passa la main devant. Immédiatement, une membrane apparue à l'interieur de celle-ci, semblant sortir des bords intérieurs de l'arche métallique pour former cette surface plane et immobile. Elle était blanche opaque sur les rebords interieur de l'arche, et devenait très vite trensparente vers l'intérieur. Simplement, ce n'était pas l'image du mur brun de la piece que l'on aprecevait à travers, mais une autres pièce, d'un autre angle de vue. Une pièce luxueuse et chaleureuse.

«-Une Porte de Saut, Owan. Classique pour nous, merveilleux pour vous, de "l'Autre". Enfin, classique... le commun des Olians n'a pas de tels objets chez eux.
-Je sais ce que c'est, j'en ai déjà vu... Mais jamais emprunté. Je reste à Midgard, en général.
-Ho... tant mieux alors.
-Et... ceci? demanda Owan en montrant le cube du doigt.
-Ca? C'est notre repère...»

Orcheron franchit la Porte de Saut, comme on franchirait une porte quelconque. Owan suivit, et ne ressenti rien de particulier. Il pouvait avoir parcouru trois mètres comme des dizaines de parsec en un seul pas...
Et ils se retrouvaient effectivement dans un appartement luxueux, grand et chaud. Orcheron s'assit sur un fauteuil face à une table de bois d'Arbre-Vie.

«-Asseyez-vous, Owan. dit-il en désignant d'un geste un autre fauteuil face à lui La question étant inévitable de votre part, je vous laisse la poser dès maintenant, et ce point là sera réglé.
-Heu... qu'est-ce qu'on mange? Orcheron ria de la question du jedi Gris.
-Où sommes-nous? enchaîna-t-il. Nous somme dans mon repère, caché. Enfin, autant que faire se peut. Moi seul peut théoriquement franchir le Portail, mais les pirates informatique se font de plus en plus hargneux. Qu'importe, personne ne me recherche.
«Nous sommes dans le cubes que vous avez aperçus tout de suite. Si vous avez entendu parler des Porte de Saut, la technologie Moebius reste moins courante. Elle permet de créer des espaces dit "extra-dimensionnels", ou, pour faire simple, qui ont plus de place à l'interieur qu'à l'exterieur. Le Portail ne nous a donc pas réduit à l'état de liliputiens avant de nous mettre en cage, nous avons toujours notre taille et toute nos proporiétés physique. Enfin, disons d'une certaine façon... Car rien ici n'est réel.
«En entrant dans l'espace Moebius, tout ce qui est vous, tout ce qui vous défini comme étant réel -votre masse, les particules qui vous compose et forme vos cellules ou votre ADN, les réaction éléctro-chimique dans votre cervau qui forment votre esprit- est numérisé. Certain dirons que c'est transformer la réalité en information. Je dirais plutot, et d'autres pensent comme moi, que c'est convertir des informations réelles en informations numériques. Car l'Univers, la réalité, n'est au fond qu'un tissu d'informations.
«Vous existez donc toujours, de la même façon que cet espace -même si on peut le qualifier de virtuel- existe lui aussi, sous forme d'informations uniquement numériques, au lieu d'informations réelles comme "en-dehors" de l'espace Moebius. Votre corps n'est donc pas resté au seuil du Portail, alors qu'un double virtuel est ici, en attendant que, par exemple, votre esprit numérisé regagne votre cervau. Vous êtes ici, et vous êtes toujours Vous, ne vous inquietez pas. Lorsque vous ressortirez, les informations numériques redeviendront informations réelles. L'Univers vous reconaîtra parfaitement comme sien, vous serez soumis au lois de physique auxquelles vous êtes habitué à être soumis, et vous serez aussi bien que d'habitude. Ce serait un peu comme... un oiseau qui devient poisson en entrant dans l'eau, et redevenant oiseau en y sortant. Vous passez d'un Univers classique à un mini-Univers virtuel, votre être s'adapte donc à la situation, mais il n'y a pas de perte.
«Par contre, vous êtes soumis aux inconvénients du numérique, ici. Si quelqu'un arrive à forcer le cube de Moebius "dehors" et à la pirater, vous pourriez être dupliqué, écrasé ou modifier, à condition que le pirate ai une certaine maîtrise. En fait, on pourrait logiquement aussi faire cela dans l'Univers classique, s'il est lui aussi informations. Mais cela demanderais une maîtrise bien trop complexe pour quiconque.
-Heu...
-Un peu long?
-Un peu... mais c'est... impressionnant.
-Bienvenue sur Erda. Ah, et j'oubliais une chose essentielle. Ici, entre les strates numériques, les Sphères ne savent plus chanter, et votre "Force" n'existe pas...»

Owan semblait troublé par cet élément. Il était troublé car il n'avait pas aperçus que la Force ici manquais à l'appel.

«-La Force n'existe pas... comme pour les Ysalamaris? demanda-t-il.
-Non, les Ysalamaris annulent la Force. Ils créent une bulle où elle se fait absente, et le passage d'une zone où la Force agit à l'interieur d'une bulle sans Force crée un manque qui se fait sentir. Ici, vous êtes dans un univers numérique où la Force n'existe tout simplement pas. Votre être numérique vit dans cet univers sans le soutien de la Force, c'est tout comme si... elle n'avait jamais existé pour vous, maintenant. Elle ne vous manque pas.
-Et... la Musique des Sphères? Elle aussi...
-La Musique des Sphères et la Force sont les deux expression d'un pouvoir commun et sans nom. Il n'y a pas deux pouvoirs, il y n'y a que le Tout. Quoi qu'il en soit, il va vous falloir vivre sans votre omnisciente alliée, ici. Mais ne vous inquiétez pas, pas pour longtemps.
«Je ne vous ai pas ammené ici pour vous héberger ou par sympathie pour vous, Owan Bei le Jedi Gris, mais pour servir mes idéaux.
-Qui sont?
-Tout à fait honorable... et qui ont besoin de vous. Pour commencer, parlons de votre ami journaliste. Vous savez qui l'a tué, n'est-ce pas? Vous savez que le gouvernement l'a fait taire pour ses enquêtes sur ses activités? Ils ne veulent pas qu'on en parle, là-haut... Il ont peur, ils ont peur du Roi et de ses fidèles. Ils ont peur de cette République et de ses idées. Ils ont peur du peuple qui dort. Ils ont peur d'une guerre terrible.
-Le gouvernement... le Conseil Suprême...
-Non. Ils ont aussi peur de lui. Je parle de ceux qui tiennent le glaive de nos Royaumes. Eux ont d'autres ambitions.
-Que... et que suis-je là-dedans?
-Vous? Vous êtes le glaive du Peuple. Il ne veut pas de cela, il désire autre chose. Il aspire à la liberté qu'on tente sans qu'il le sache de lui enlever. Brandissez vos armes, Jedi Gris, découvrez ce que veut le Peuple, et trouvez-le. Ce sera votre allié dans cette nouvelle lutte.
-Une lutte...
-Que vous menerez, Owan Bei. Oui... vous la mènerez, que vous le veuillez, ou non...
-Je...
-La porte est par là, Chevalier. Courez, on vous attend.»

Orcheron devînt de plus en plus pâle, jusqu'a disparaître. Quand Owan regarda autour de lui, les portes menant à d'autres pièces de l'habitation numériques avait dispaures. Il ne restait plus que le portail de saut, qu'il franchit à contre-coeur.

La Voix du Chaos, quant à elle, se perdit dans les méandres de l'information...

Lorsqu’elle se réveilla enfin, Elena Talin crut que sa tête allait exploser. Elle souffrait d’une terrible migraine et il lui fallut quelques instants pour retrouver ses esprits. Elena était installée dans un sofa de cuir moelleux, au milieu d’un petit salon circulaire recouvert d’une épaisse moquette beige et dont les murs étaient masqués par d’imposantes bibliothèques de bois. Deux appliques murales éclairaient doucement les lieux, créant une ambiance cossue et chaleureuse. Le soleil venait de se coucher à l’extérieur et elle avait dormi plusieurs heures d’affilées. Elle fit rapidement l’état des lieux du regard et remarqua un plateau en argent placé sur la table basse en face du sofa. Dessus étaient posés un grand verre d’eau et quelques biscuits fort appétissants. Elle constata que sa blessure au front avait été soignée et que ses poignets ne lui faisaient plus mal. Tout son équipement qui lui avait été confisqué par la Sécurité Planétaire se trouvait posé sur une table derrière-elle. Où était-elle donc ? Elle se remémora avec un long frisson les événements qui s’étaient déroulés quelques heures auparavant. Elle fut soudainement tirée de ses sombres pensées lorsque l’unique porte du salon – habilement dissimulée derrière un panneau mural en bois – s’ouvrit, laissant apparaître une silhouette familière, puis une seconde, toutes deux vêtues de l’uniforme caractéristique de l’Armée Régulière.

"Bonsoir, mademoiselle Talin, fit la voix posée de l’Amiral Slays en entrant. J’espère que notre accueil ne vous a pas trop perturbé. (Il descendit les trois marches qui séparaient l’entrée du coin salon et désigna le plateau.) Mais je vous en prie, servez-vous.

Elena considéra le verre et les biscuits avec hésitation, puis finit par se servir.

"Ah, avec toute cette agitation, j’en oubliai presque les présentation, reprit-il en s’asseyant dans un large fauteuil en face d’elle. Je suis l’Amiral Slays, et voici mon second, le Colonel Ardelius. (Ce dernier se posta debout derrière l’amiral.) Je suppose que vous vous souvenez de nous ?...

- En effet, répondit Elena en terminant son verre. C’est vous qui étiez avec ces Révolutionnaires lorsque nous avons tenté de quitter Cor Hydrae…(Elle pointa Ardelius du menton.) Et c’est cet homme qui est venue me chercher – ou plutôt, me libérer - au Centre de la Sécurité avant que je ne passe à la moulinette. (Slays hocha la tête.) Bon, est-ce que quelqu’un va finir par m’expliquer ce qu’il m’arrive, et où nous sommes ?

- Nous nous trouvons dans un appartement des Quartiers Est de Midgard, au bord de l’Okaa, intervint Ardelius. Son propriétaire a récemment été tué lors des attentats de l’Hémicycle, comme beaucoup de membres du Conseil Suprême comme lui. Vous êtes ici en parfaite sécurité, ne vous inquiétez pas.

- Oh, mais je ne m’inquiète pas ! rétorqua Elena. Après tout ce qui vient de m’arriver, je crois bien que je ne crains plus grand-chose...

- C’est le cas, continua Slays. Estimez-vous heureuse que les agents de la Sécurité ne se soient pas montrés plus cruels avec vous. Vous avez eu beaucoup de chance. Et encore plus que je sois intervenu à temps. Sans quoi, j’ai bien peur que vous n’auriez pas échappé à la peine capitale.

- Et vous avez fait quoi, au juste ?

- C’est moi qui est envoyé le colonel ici présent vous faire libérer. C’est aussi moi qui ai fait effacer toutes les traces de votre passage au Centre de la Sécurité et tous les faits qui vous accusent de conspiration avec les Assiégés. Je vous ai fait restituer votre équipement personnel ainsi que votre vaisseau, qui allait partir à l’usine de démantèlement. Le tout dans la plus grande discrétion, évidemment. Désormais, vous êtes libre et vous n’avez plus aucunes raisons de vous faire arrêter, excepté pour vos activités liées à la contrebande...Mais cela ne tient qu’à vous.

- Eh ben, je suppose que je dois vous remercier pour tout. Mais...pourquoi vous avez fait ça pour moi ? Une misérable contrebandière comme moi, ça ne doit pas valoir grand-chose, surtout pour vous...

- Plus que vous ne le pensez, en tout cas. (Il afficha un discret sourire.) Vous comprendrez très bientôt ce que j’ai voulu dire par là. Pour l’instant, vous devez quitter Yggdrasil et vous faire oublier quelques temps. Après quoi, nous en reparlerons en temps voulu...(Il se leva et sortit une carte magnétique de sa poche.) Sur ce, je dois vous quitter mais je vous donne ceci, qui vous servira à passer les contrôles de sécurité sans problèmes. Je ne voudrais pas que mes efforts soient anéantis en quelques minutes. Bonne continuation, mademoiselle Talin.

L’amiral la salua de la tête puis sortit, imité par le Colonel Ardelius. La contrebandière resta figée, le visage hagard. Elle n'avait pas bien compris ce qui venait de se passer sous ses yeux, à cette vitesse. Après quelques instants de réflexion, Elena récupéra son équipement, fourra les derniers biscuits dans sa poche et sortit à son tour rejoindre le Sournois. Elle avait hâte de quitter cette planète et ces fous de la Sécurité au plus vite.