(Message PNJ)
La porte blindée de l’ascenseur s’ouvrit sur la vaste pièce circulaire, éclairée par les étoiles et la sphère bleutée d’Yggdrasil à travers les larges baies. Cinq hommes en sortirent d’un pas décidé, tous vêtus du même uniforme gris de l’Armée Régulière, et se dirigèrent comme des automates vers l’escalier menant à l’estrade. Ils gravirent les dernières marches et se placèrent en une ligne parfaite, bloquant le passage à l’escalier. L’imposant fauteuil était tourné vers les étoiles, comme si son illustre occupant était plongé dans ses pensés. Un silence désagréable s’installa.
"Que puis-je pour vous, messieurs ? demanda enfin Reyr Finera alors que le fauteuil pivotait lentement vers eux.
Le Général Suprême affichait une expression sereine tandis que ses yeux fixaient impassiblement les cinq Olians qui venaient de sortir leurs armes et le mettaient en joug. Un petit sourire amusé se dessina discrètement sur ses lèvres.
"Qu’est-ce que cela signifie ? reprit-il d’une voix glaciale.
Un des Olians fit un pas vers lui, déterminé plus que jamais. Finera connaissait chacun de ces officiers. C’étaient les derniers membres de l’Etat-major qui étaient soupçonnés de rébellion. Et il savait pourquoi ils étaient venus en ce jour...
"Votre Excellence - Praetor -, au nom de la Confédération des Royaumes Olians, vous êtes en état d’arrestation. Rendez-vous sans faire d’histoires.
- Et puis-je savoir de quoi suis-je accusé ? dit Finera sans bouger d’un iota.
- De conspiration, de coup d’Etat, de haute trahison, de tentative d’attentats et enfin, de crime contre une civilisation. Nous savons que c’est vous qui avez orchestré le génocide de Diarion, inutile de le nier.
- Voilà des paroles bien peu mesurées, Général Mern, fit posément le Praetor en se levant. Surtout pour quelqu’un qui est accusé des mêmes torts. Je vous croyais plus lucide que ça. Vous me décevez beaucoup. (Il leur tourna le dos et fit face au vide spatial, les mains jointes dans le dos.) Par ailleurs, je vous trouve imprudent d’oser venir me menacer, ici, à bord de mon vaisseau.
- Ce sont des risques à prendre pour mettre fin au règne d’un tyran, répondit un autre.
- Un tyran ? rétorqua Finera en faisant volte-face. Moi, un tyran ? Vous exagérez trop la réalité, colonel. Si je n’étais pas intervenu, ce serait la guerre civile depuis longtemps. Nos mondes seraient en proie au chaos total, à l’heure qu’il est. La monarchie parlementaire n’était plus un régime stable, de même que la démocratie. Cela ne pouvait plus durer et il fallait que les choses changent.
- Mais la dictature n’est pas mieux ! reprit Mern.
- Ce sont les gouvernements autoritaires et forts qui donnent naissance aux plus grands empires, général. Mais trêve de bavardages inutiles...(Il se rassit.) Qu’allez-vous donc faire, maintenant ? M’arrêter, alors que je viens de sauver la Confédération d’une fin tragique ? Ce ne serait pas raisonnable...Pas plus que de m’assassiner.
- Vous le verrez bien assez tôt. Maintenant, Votre Excellence, levez-vous, les mains en l’air. Vous avez perdu.
- Je ne crois pas, siffla-t-il en appuyant sur une touche de son accoudoir.
Presque aussitôt, une dizaine de soldats drapés de noir jaillirent de l’ascenseur et encerclèrent l’escalier à la vitesse de l’éclair, pic à plasma en main, prêts à défendre leur maître. C’était la Garde d’Elite du Praetor : des Olians surentraînés capables de tenir tête au Guerrier du Silence lambda. Certains étaient plus sensibles à la Musique des Sphères que d’autres, ce qui en faisaient des soldats extrêmement dangereux. Ils savaient manier parfaitement n’importe quel type d’armes, mais leur arme de prédilection était le pic à plasma, un outil plus que redoutable entre des mains expertes.
"Vous ne sortirez pas d’ici vivants, dit doucement Finera avec un regard triomphant. Vous êtes lamentablement tombés dans mon piège. En venant ici, vous avez signés votre arrêt de mort. Votre exécution permettra enfin de ramener l'ordre et d’en finir une fois pour toute avec ces rébellions grotesques au sein de mon gouvernement. (Il fit un geste de la main.) Gardes, éliminez ces hommes.
Mern jeta un regard paniqué aux gardes qui avançaient vers eux, puis à ses camarades qui semblaient paralysés et impuissants face à se retournement soudain de situation. Alors que son premier compagnon tombait en essayant vainement de se défendre, il serra fermement son arme et, dans un élan de courage, la pointa de nouveau sur le Général Suprême qui observait le spectacle avec ce même air amusé. Un second corps s’écroula, dans un crépitement de blaster et de plasma. Son bras tremblait mais il parvint à se maîtriser quelques instants pour accomplir son objectif : éliminer le Praetor. Peu lui importait à présent s’il arrivait à survivre, du moment que la menace de Reyr Finera n’était plus. Et il tira, juste avant qu’un pic de plasma ne le transperce violemment. Les ténèbres l’envahirent instantanément et il ne sut jamais si son tir avait atteint sa cible. Le corps sans vie du Général Mern s’étala en dernier aux pieds du Général Suprême, qui éteignit le bouclier déflecteur de son fauteuil et se leva, rajustant sa cape sur ses épaules.
"Prévenez la Sécurité Planétaire que les derniers dissidents de l’Etat-major ont été éliminés.
Il contourna lentement les cinq cadavres et leur jeta un bref regard avant de quitter ses quartiers, sa longue cape bleue flottant élégamment derrière-lui. Désormais, il pouvait passer à l'étape suivante de son plan.