L’Amiral Slays entra dans le spacieux bureau qui lui était alloué le temps de son passage sur Yggdrasil. Il pianota quelques instants sur le clavier de sa table de travail puis s’installa dans un confortable fauteuil qui dominait toute la salle, comme s’il attendait quelqu’un. Quelques instants plus tard, on carillonna à la porte. Un Olian à peau violette pénétra dans la pièce. C’était un homme plus jeune que Slays, légèrement plus petit, avec un regard vif et une allure élancée. Il salua son supérieur et s’assit dans le siège que ce dernier lui indiquait. Visiblement, il semblait sceptique par sa convocation soudaine.
"Que puis-je pour vous, monseigneur ?
L’Olian appelait Slays ainsi car il était originaire lui aussi du Royaume de Seriniel, et c'est ainsi que le voulait le protocole local.
"Je vous ai fait demander, colonel, car j’ai d’importantes choses à vous annoncer. Tout d’abord, je tiens à vous préciser que les systèmes de surveillance de ce bureau sont désactivés ; nous pouvons donc parler en toute quiétude. Mais venons-en au fait. (Il croisa les bras.) Tout comme moi, vous connaissez la situation de crise dont est plongée Yggdrasil depuis quelques temps. Vous savez que le Roi et sa cour tentent de revenir au pouvoir en instaurant une monarchie absolue, au travers d’un mouvement monarchiste secret dont font partis officieusement la majorité des membres du Conseil Suprême. Vous savez certainement que le Haut Etat-major et une grande partie de l’Etat-major complotent eux aussi de leur côté pour s’octroyer progressivement tous les pouvoirs et établir leur propre régime. Enfin, vous n'ignorez pas que des poches croissantes de résistances se faisant appeler couramment les "Révolutionnaires" tentent de rétablir la démocratie et les valeurs d’une république afin d’empêcher le Roi et le Haut Etat-major de parvenir à leurs fins. (Le colonel acquiesça sans broncher, rien de bien nouveau.) Evidemment, nos obligations militaires nous forcent à suivre le Haut Etat-major et ses sous-fifres comme il se doit...ce que je ne peux accepter complètement. (Son interlocuteur leva un sourcil interrogateur.) Ce qui ne veut pas dire que je soutiens les Monarchistes, loin de là. Ces deux-là s’entretueront jusqu’au dernier pour obtenir le pouvoir suprême et il est clair que la plupart de nos forces armées se rangeront aux côtés du Général Suprême Finera. Seuls quelques seigneurs et leurs royaumes soutiendront le Roi – ce qui lui permettra de se constituer une petite armée autonome pour poursuivre la lutte - mais subiront certainement de violentes représailles. Quant aux Révolutionnaires, même si leurs rangs grandissent de jours en jours, ils ne disposent pas encore des moyens nécessaires pour mener ce combat à bien. Comme vous l'imaginez tout autant que moi, la guerre civile éclatera qu’on le veuille ou pas et la Confédération sera divisée, affaiblie, rongée par ses luttes internes. Les forces Impériales, qui attendent patiemment leur heure, exploiteront alors le résultat du conflit et termineront ce qu’elles ont commencé il y a 12 ans, sans que la République et ses Jedi ne puissent faire quoique ce soit. (Il soupira.) Mais tout ce que je vous raconte là n'est qu'un vulgaire aperçu de la situation prévue que tout le monde se fait, mais il se peut que des changements imprévus modifient le cour de l'histoire. Nous sommes donc dans une impasse qui sonnera notre perte à tous, Colonel Ardelius, si nous laissons tous ces événements se produire.
- Quoi que vous fassiez, ma dévotion envers-vous sera toujours sans failles, soyez-en assuré, monseigneur.
- Je le sais bien, colonel, fit Slays avec un discret sourire amical. Et c’est pourquoi je vous ai convoqué ici.
- Que comptez-vous donc faire si vous ne pouvez accepter les actes du Haut Etat-major ?
- Officiellement, je resterai à mon poste habituel avec le Général Finera et mes collègues de l’Etat-major, comme il se doit. Mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que la paix et la prospérité reviennent dans les Royaumes sans en altérer mes fonctions...et sans pour autant soutenir un quelconque mouvement d'opposition. Vous comprendrez très bientôt ce que je veux insinuer...Sur ce, je vous laisse retourner à vos occupations. (Il se leva, et raccompagna Ardelius vers la porte.) Soyez prêt à quitter la planète à l’aube dès demain matin, pour quelques jours. Autant profiter du calme avant la tempête. On viendra vous chercher dans vos quartiers. A ce propos, tâchez de rester discret.
- N’ayez crainte, monseigneur. Avant de vous quitter, puis-je vous demander comment allez-vous faire en ce qui concerne le Royaume de Seriniel et votre place au Conseil Suprême ?
- Nous en aviserons le moment venu, colonel. Seriniel n'étant pas un Royaume très important, espérons qu'il ne sera pas affecté par les événements et que le calme perdurera encore un peu.
Ardelius le salua et sortit. Slays retourna dans son fauteuil terminer les derniers quelques préparatifs de son départ. Un long et fastidieux périple s’annonçait.
